Les-Aeriennes

Les-Aeriennes

L'or mêché du ciel de Noémie Choupis

 

 

Les dessins de Noémie me touchent et m'accompagnent d'une façon qui rend difficile d'en parler, parce que leur subtilité a à voir avec les souffles cachés du coeur.

 

Ses arabesques sont la clef par laquelle elle entr'ouvre les portes qui mènent aux demeures invisibles des êtres qui peuplent les bois, les rivières et les nuées : elle n'esquisse pas des traits, elle révèle un chemin, en apparence fragile et toujours à refaire, qui mène de ses toiles rêveuses à des songes de contemplations puisées dans la nature.

 

Décrivant des pulsations nées du coeur des forêts et des ondes, ses encres et couleurs ressemblent ainsi aux nuages, qui furent des rêves de l'eau, et qui portent leurs reflets mouvants jusqu'à la mer où ils retournent. L'image nous convie à une exploration intérieure, à un partage : poésie forte et puissante dans sa légèreté apparente, telle la rosée qui invite la lumière jusqu'au coeur du visible - semblant l'installer là, un instant, parmi nous.

 

La grâce fugitive née de l'instant, disparue avec lui, renaît alors indéfiniment sur la toile, où elle palpite comme un coeur ouvert. Je crois que la beauté n'est qu'une perception subtile de ce qu'on appelle en général amour, et qui est plus vaste que ce qu'on croit le plus souvent.

 

Il faut faire silence pour bien entendre cette pulsation qui mène de l'encre à l'esprit, de l'esprit à la couleur, de la couleur à la forme, et de la forme au rêve. "Retrouvez-vous et suivez-moi", nous dit l'artiste, dans les dédales d'une oeuvre qui, fondamentalement, est une invitation à une danse partagée des sensibilités et des mémoires, dans un espace non restreint, épuré de ses limites.

 

 

 "(...) nous sommes la harpe de la Porte du Dragon. Sous la caresse magique du beau s'éveillent les cordes secrètes de notre être ; en réponse à son appel, nous vibrons et frémissons. L'esprit parle à l'esprit. Nous écoutons l'indicible, nous contemplons l'invisible. Le maître fait résonner en nous des notes inconnues. Des souvenirs longtemps enfouis reviennent en mémoire, emplis d'un sens nouveau. Des espoirs étouffés par la peur, des désirs lancinants que nous n'osons reconnaître, s'élèvent auréolés d'une gloire nouvelle. Notre esprit est la toile sur laquelle les artistes jettent leurs couleurs ; leurs pigments sont  nos émotions, leur clair-obscur est la lumière de nos joies et l'ombre de notre tristesse. Le chef d'oeuvre est en nous, comme nous sommes dans le chef d'oeuvre."

Okakura Kakuzô, Le Livre du thé, Le sens de l'art.

 

 



22/01/2013
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