A coeur et à gris
Je suis tombée dans la lumière.
Tout semblait gris, pourtant, de ce gris qui contient les cieux comme un secret terriblement gardé, de ce gris qui promet à mi-mots qu'ils existent mais qui les enferme par devers lui comme s'il n'était pas temps encore – de ce gris qui clot l'horizon pour que le regard se tourne vers lui-même comme le seul espace à chercher.
C'était un jour où le vent souffle les remous du cœur, où les arbres s'élancent vers une paix trop haute encore pour l'accrocher vraiment – c'était un jour né pour la confusion dans le désordre des pensées éparses, un jour où se perdre, où s'abandonner. L'eau miroitait à peine sous les remparts, grise et lourde d'être sans reflet : tout tendait vers le bas.
Un vol d'oiseaux a déchiré le ciel, les fleurs se sont allumées telles des chandelles, une dentelle d'or pâle s'est posée sur le gris – et les arbres ont déployé leurs branches comme un parasol ombrant pour un soleil à venir. Viens à nous, ont-ils murmuré. Prends racine. Le sol sous mes pieds s'est fait ferme et fort et j'ai senti ma ramure s'élancer là où les oiseaux tournoyaient dans l'or pâle, à la façon d'un ruban qui s'est pris dans nos branches, les arbres et moi entrelacés.
Je vis une vie merveilleuse, ai-je pensé, et le gris a pris la douceur de la lumière lorsqu'elle s'avance à peine voilée.
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