Fleur
La fleur serait-elle si belle, si elle n'était fragile ?
Les fleurs m'émeuvent comme le ciel du matin -
qu'un soleil pâle cisèle en artiste la prairie gelée,
qu'une digue de feu rejette et disperse au loin les vagues de la nuit,
que le brouillard goulu ait englouti le monde,
qu'importe.
Comme le ciel d'entre-deux marbré de rose, d'orange, étrangement vif de froid ou assourdi l'été,
la fleur est un reflet à portée de caresse,
un repli du temps condensé sur lui-même qui au moment d'éclore
chante déjà disparu
et tremble comme un coeur sous la main qui palpite.
Tendue vers le ciel, vers ce nuage qui file,
la fleur est mon rêve donné à la lumière
dans une grâce folle de papillon
qu'on ne peut pas saisir,qu'il faut laisser,
là, pour qu'il vive,
pour qu'il tremble un peu sous le vent ou dans les rêves d'autrui.
Je ne suis où,
dans ce regard qui se laisse aller à caresser
l'existence
et qui murmure comme un parfum, le temps d'à peine,
dans ce si peu presque déjà tout,
où je recueille à fleur de rien
l'infinie
rosée
de l'amour.
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