Les-Aeriennes

Je sais bien, tu sais, comme la journée a été longue - étirée du temps de cet interstice où quelque chose est mort sans que quelque chose, déjà, ne soit né ; car les germinations sont lentes et parfois il faut s'attendre soi-même là où déjà, pourtant, on se relève, dans cet interstice où quelque chose qu'on voudrait avoir lâché pèse encore du poids de ce que l'on craint d'oublier.

Et je sais bien l'appel, qui n'est ni impatience ni regret, l'appel qui est surprise ; car être vivant c'est buter sur ce qui n'a pas de raison d'être et qui s'impose dans toute sa force de devenir, pourtant.

Alors, écoute - peut-être, ferme les yeux. Déployons nos racines, en cet instant où nos cheveux, sans que nous en ayons conscience, flottent autour de nous tandis que l'espace tournoie autour de l'astre qui défie des vitesses que nos corps ne pourraient supporter mais que les savants mesurent, l'astre lancé autour de l'étoile que nous voyons tourner autour de lui. Cette grâce d'être immobile au coeur d'un bolide céleste, cette ignorance de ce qui nous emporte et qui nous emporte pourtant, est-ce qu'elles n'ont pas la saveur d'un vertige serein ? Un siècle ou un instant, qu'importe pour la poussière d'atome qui dans son propre temps existe, tandis que l'étoile de mer ne rêve pas du ciel sous la surface d'eaux dont elle n'envisage pas les profondeurs. Dans le grand chaudron des êtres, qu'est-ce qu'exister sinon cette conscience fulgurante d'advenir, alors qu'autour de nous tout devient ?

L'arc-en-ciel naît de l'eau et de la lumière, comme nos larmes réverbèrent l'éclat de ce qui est précieux - alors, peut-être, respire sous l'immobilité feinte des constellations qui ce soir auront la pulsation du coeur qui les contemple et déploieront le sens d'une histoire pour l'être qui s'y reconnaîtra. Faisons un tour de manège céleste - et puisque nous sommes là, rions !